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Commentaires sur: À propos des toponymes germaniques dans l'ancien comté de Boulogne-sur-Mer (de l'auteur Arnaud Fournet.i)
Introduction
Plusieurs tribus germaniques habitaient sur le territoire qui allait s’appeler la Grande-Bretagne et le nord de la France vers le milieu du premier millénaire. Saxons, Frisons, Angles, Jutes, Danois et Flamands ont donné leurs caractéristiques linguistiques. Fournet écrit que des Saxons se sont établis le long des côtes de la Manche et ont laissé un grand nombre de toponymes saxons à proximité de Boulogne sur-Mer. Pour lui le gallo-roman et le français étaient déjà présents lorsque 'des intrusions' germaniques se sont produites. Je me permets de douter de cette hypothèse. Je suis d'accord que pendant la romanisation le substrat germanique a influencé la langue régionale qui devait évoluer en français. Mais définir le saxon (flamand, thiois, frison,etc.) comme une langue intrusive et minoritaire me va trop loin. De la Normandie vers le nord se trouvaient des localités à majorité germanique pendant le moyen-âge. Les indications sont souvent indirectes, mais les indications pour le latin ou le francien aussi.
Esquisse historique
La région autour de Boonen/Boulogne était habitée à l’époque romaine par un peuple 'belge', les 'Morinen' (Morini), serte de culture celte, mais probablement de langue germanique. Les 'Belges' vivaient dans la région qui va de la Seine au Rhin. Les vrais celtes étaient les Bretons, les Écossais, les Basques ou les Irlandais. César indiqua que les Belges différaient des Celtes proprement dits par la langue, les lois et les institutions. Les Morinen avaient une culture celte, mais ça ne veut pas dire que les gens ne parlaient pas une langue germanique. De nombreux toponymes germaniques ont été trouvés en dehors de la région de Gallia Belgica, certainement jusqu'à la Loire, ainsi que des artefacts archéologiques qui peuvent être considérés comme des précurseurs de matériel mérovingien et carolingien. Dans ces domaines, la langue germanique doit certainement avoir prospéré. En outre, il existait probablement une langue d'élite ou langue officielle et une langue vernaculaire. Caesar écrivait:ii « La plupart des Belges ... sont d'origine germanique qui ont autrefois traversé le Rhin ... » En ce qui concerne les noms de lieux autour de Boonen/Boulogne, dans presque tous les cas on peut trouver un étymon germanique. Pour les Morini, *mori (mer) est un mot attesté en celte mais il existait aussi en germanique (proto-indo-européen) *mori ou *mari (mer ou lac) comme en ancien néerlandais, muor, mōr, moor, more (marais ou tourbe). L’identité exacte des 'Belges' est peu claire et débattue.
On peut signaler une sorte de cliché, porteur de visions impérialistes romanes, selon quoi le celte, le latin ou le francien étaient les langues essentielles pour connaître les origines des toponymes de la Normandie jusqu'au frontières actuelles au nord de la France. Nous démontrons ici que cette affirmation est erronée.
Toponymes germaniques dans l'ancien comté de Boonen/Boulogne-sur-Mer
La partie occidentale autour de Boonen/Boulogne fut convertie par Audomar (600-670), un Saxon né en Normandie. On parlait le thiois (littéralement la langue du peuple, ou si on veut le westique) précurseur du flamand, dans le Pas-de-Calais pendant très longtemps, et ce thiois est resté stable pendant mille ans. Il n’existe en fait aucune indication que le thiois n'ait jamais été parlé jusqu'en Normandie. Fournet se concentre sur du matériel toponymique saxon. Il oublie que le saxon ou thiois n'étaient pas encore divisés. A part des accents locales, le thiois (flamand), le saxon, le frison, le danois, etc. étaient interchangeable dans le premier millénaire.
Les toponymes : « N-inga-hem » et « N-tun » sont donc germaniques et non seulement saxon.
N-inga-hem
Fournet nos donne Reclinghem (Ricolvingahem 857) Bazinghen (Basingahem 877). Dans les districts de Boulogne (Bo) et Montreuil (Mo): Audinghen (Bo) Auvringhen (Bo, Overingahem 1084) Bainghen (Bo, Baingehem 1121), Bazinghen (Bo, Basingahem 877) Battinghen (Bo Bathinghen 1506) Bezinghem (Mo) Blinghem (Bo) Echinghen (Bo, Essingehem 1112) Equihen (Bo, Enkinguehem 1338) Fringhen (Bo, Froingehem 1208) Halinghen (Bo, Havelinghem 1134) Hervelinghen (Bo, Helvetingehem 1084) Leubringhen (Bo, Lebringehem 1170) Lottinghen (Bo, Lonastingahem 828) Maninghem (Mo) Macquinghen (Bo, Makingehem 1208) Matringhem (Mo) Nabringhen (Bo, Nameringehem 1208) Questinghen (Bo, Gestingehem 1208) Radinghem (Mo) Tihen (Bo, Letingehem 1208), Tinghen (Bo, Retyngehem 1141) Tardinghen (Bo) Wacquinghen (B, Wakingehem 1208) Wicquinghem (Mo, Wichingehem 1069).
Ce même type est bien représente (déjà très tôt) par de nombreux toponymes en Belgique flamande. (Après l'explication de Fournet, j'écris les mots flamands/thiois/néerlandais en caractères gras.) Quelques exemples: Alveringem (Adalfridegem 703) Adegem (Addingahem (840) Aaigem (Aienghem 891) Anzegem (Alsodingchem 959) Kanegem (Caningahem (966) Avelgem (Aulingehem 966) Ettelgem (Adlingehem 1028) Eernegem (Ernigahem 1087) Hillegem (Hildingahem 814) Ledegem (Liedenghem 1085) Poperinge (Pupringahem 877) Zevergem (Seuuaringahem 964) Zingem (Siggingaheim 885) Zomergem (Sumaringahem 815) Kachtem Cakingehem 1116) etc.
Fournet écrit que le *-hem manque parfois: Affringues (Harfrerdinge 1197) Aubengue (Bo, Hobenghes 1310) Herlin (Bo, Herlingues (18e) Hermeringue (bo, Hermerenges 1112) Herquelingue (Bo, Helkeninges 1208).
Belgique (surtout du côté est francique): Ordingen (Ardingen 1192) Beringen (Beringe 1120) Bassenge/Bitsingen (Bacenges 1105) Budingen (Budinga 1080) Kuringen (Curinge 1078) Vlijtingen (Fleitingen (1079) Hingene (Hingen 1101) Poperinge (Pupurninga uilla 844) Reninge (Rinenga 877) Zarlardinge (Saroldingas 868) Boezinge (Bosinga 1107) Elverdinge (Elverdinghes 1066)
(-inga)-tun
Baincthun (Bo, Bagingatun 811) Alincthun (Bo) Connincthun (Bo) Florincthun, Godincthun (Bo, Godingetuna 1208) Hardenthun (Bo) Landrethun (Bo, Landringetun 1084) Olincthun (Bo) Verlincthun (Bo) Waincthun (Bo, Wainghetun 1339) Warincthun (Bo) Offrethun (Bo, *Wulf-hari-tun).
En Belgique on trouve tun, tuin, thun, ton, etc: Blaton (Ablaton 652 et Blatun 1140) Thon (Thun 1265) Waasten/Warneton (Warnasthun 1007) Ermeton (Ermenton 932)
N-wic
N-wic est à peine attesté dans la région de Boonen/Boulogne selon Fournet.
De Normandie jusqu'en Belgique: Craywick (*Kraaienwijk ou Kraagwik) Zandwijk (santwīk) Wijk (Wik) Oosterwijk, Noorderwijk, Molenwijk, Wervik (Wervy 1090) scelwiic (Schelwijc). Au nord de la France: Quentovic, Salperwick, Audruicq (Ouderwich, Alderwic 12e) Austruy, Baduy (Saint-Martin-Boulogne). En Normandië: Sanvic (identique à Zandwijk) Plainvic, Pulvic, Solvic (la Hague) Survic (Gréville) Cap-Levi (Kapel-vic 13e) Vi...
-gat(e) Fournet nous donne deux toponymes de type scandinave, comprenant l'élément *gata ‘voie, passage’: Sangatte (Bo, Sangata 1118 de*sand-gata). Il oublie que c'est aussi du pur flamand, encore existant aujourd’hui ! Le 'Zandgat' flamand moderne et actuel, est dérivé de Santgat, *Zandgate. Thiegatte (Bo, Tegata 1208 puis Tiegate 1389 : Fournet propose un rapprochement avec *θwaite ‘essart’ ou un nom de personne *Tedo- comme dans Théville en Normandie. Je propose 'tie' de diet (thiet 507): peuple en thiois, ou 'die' (thie 891): ce, qui donne 'porte ou chemin du peuple' ou 'ce passage ou chemin là bas'.
Ce n'est donc pas seulement le saxon qui est impliqué dans la création de nombreux toponymes, mais bien le substrat thiois (dont le saxon continental faisait parti). Audomar (Omer) est (aussi) un nom westique ou ancien flamand/thiois. Le thiois est resté stable phonétiquement plusieurs siècles, ce qui permet de détecter le moment où il a commencé à être remplacé par le français. On peut chercher les étymons de l'ancien thiois dans les dictionnaires du néerlandais, parce que c'était un des piliers pour la formation du néerlandais moderne. Boonen/Boulogne était non-romane pendant un laps de temps conséquent. Fournet nous donne des toponymes typiquement thiois (saxon pour lui) autour et au sein de la ville: *kape-skür, *marke-strat, *nien-burg, *brake-reke, *hal, *diepen-dal, *hon-feld, *rīken-akr, *wester-hove, *bonen-berg, etc. Ce sont des toponymes qui sont parfaitement intelligible jusqu'à nos jours. Ils ne sont donc pas typiquement ou spécifiquement saxons. Ces toponymes disparaissent lentement à partir du douzième siècle. Le premier signal d’une présence francophone autour de Boonen est le remplacement du toponyme Walbodingahem par Outreau en 1145. Fournet nous informe sur Longesticq (Bo, Longhestic 1339, de *lange-stük) Je ne suis pas d'accord que ça nous montre le remplacement de l’adjectif saxon 'lang' par la forme française 'long'. Je dirais plutôt que le flamand 'lang' est changé par le français (ou l'anglais) 'long'.iii En 1305 lang est encore attesté dans Langehege (longue haie).
La phonologie historique
PG (proto-germanique) *a > [a]: cette voyelle est stable en comparaison du français qui présente le changement *a > [e].
-*akr ‘champ’: Landacre (Bo 1193, champ de terre) Brecquaque (Bo, Brequacre 1506, de *brek-akr, jachère) Renard (Bo, Rikenacre 1112, de *rikenakr, riche champ) Harackessant (Bo, 1286, de *har-akr-sand, sable du champ aux lièvres) Denacre (Bo, Odenacre 1415, de *alden-akr, vieux champ)
akker (champs) (akkar ekkar 768 acra, accra, acre, akre... ancien saxon ackar)
Les villages en flamand: Landakker, Breekakker, Rikenakker, Haarakkerzand, Oudenakker
-*ald ‘vieux’: Audisque (1458, de *Ald-Isques [français alC > auC] Vieil-Isques) Denacre (Bo, Odenacre 1415, de *alden-akr, vieux champ)
oud (vieux) (alt 844, ald, olde, oel, aude...) Oudiske, Oudenakker,
-*blak ‘noir’: Griz-Nez (Bo, Blacqueness 1546, de *blake-nes, cap noir’)
blek (couleur d'argent) devenu Swartenesse (swart: noir) et puis Grisenesse, Gris-Nez. Blankenesse (Blanc-Nez) blank: blanc.
-[scandinave ?] *brak ‘fougère’: Brecquerecque (Bo, Bracquerecque 1415, de *bracke-rek, terrain de fougères) Ce morphème ne peut pas être lié au vieux norrois brekka ‘pente’ attesté en Normandie. À noter que le mot anglais bracken, (dial.) brake ‘fougère’ est censé dériver du scandinave *brakni. (Normandie: Bracquetuit et en GB: Bracken-thwaite)
Braka (Brak, braak brac, bracha; de 'breken', briser) signifie 'terre en friche'. 'Bricke' (brycke, breke, breek, brik, breuk...) signifie 'casser, briser, rupture, une rupture dans le paysage, une élévation/pente ou colline'...
Toponymes dans le nord: Brakel, Brakla, Breke, Breukelen, Breukelen-Nijenrode, Breukelen-Sint Pieter, Breukeleveen, De Brekken. En Normandië: Houllebrecque, Brecqhou et Briquedalle.
-*dal ‘vallée’: Dippendale (Bo, Dieppendalle 1196), (Pont-)Pitendal (Bo, Dipendale 1506, de *diupen-dal, vallée profonde) Fenendalle (Bo 1492, vallée marécageuse) Bresdalle (Bo, XVème s, de *bred-dal, large vallée) Normandie : Dieppedalle et en GB : Deepdale)
Néerlandais/flamand: dal, dale, daal, dael, daele, dalle
En Belgique et Pays Bas : Dale Dalle Diependale Dippendale Roosdaal Rozendaal Berg-en-Dal Wijnendale Passendale Herdal Leegendael Dolain (Dalhem) Onderdale (Ursel)...
Au nord: Piquendal (Pikkendal, Artois) Rosendael Wimendale Mansdale (Fiennes) Wysquedal (Tourneghem) Kinendale (Asquin) Bramendal (Boisdinghem) Windal (Nortbécourt) Dippendal (Bouquehault) Dohem (Dalhem) Waterdale (Seninghem)
En Normandië: la Dalle le Dallet Dieppedalle Dipdal Eurdal Briquedalle Louvedalle Dalbec Croixdalle Bruquedal Becdal Oudalle Cudale Tyrdal Delle.
-*falk ‘faucon’: Fauquembergues (Mo, Falcoberg 935, Falcanberga, mont aux falcons)
valk (faucon) (falko 918, falco, falcon, fauken...)
Pays-Bas: Valkenberg (falkanberg) Valkenburg (falkanburg) Valkum (falkanhēm)
-[scandinave] *gata ‘voie, passage’: Thiegatte (Bo, Tegata 1208 puis Tiegate 1389) Sangatte (Bo, Sangata 1118, *sand-gata) Normandie : Houlgate ‘chemin creux’ et en GB : Holegate, Holgate.
En flamand 'gat' signifie: rue, route, passage, trou, porte, sortie, entrée, ouverture, accès, bouche... Toponymes avec 'gat(e)' en Belgique et au Pays-Bas: Hazegate Holgat Hellegate Holegat Kerkgate Steengat Vloedgat (Oostduinkerke) Boeregat, Broekgat, Keergat, Klytgat, Widasgata (Wijtschate)... Au nord: Ingwinegate, Esguinegatte. En Normandie: Gatteville, Houlgate, Uggate (ancien nom pour Caudebec).
-*hal ‘rocher’: Alpreck (Bo, Halleperette 1506) une formation pléonastique avec perette ‘petite pierre’.
Hal, halle (salle) Halleperette signifie alors salle en pierre.
-*han ‘coq’: Henneveux (Bo, Hanewut 1184 de *hane-wud, bois du coq)
Haan (coq) (hano 507, hane ) Haneberg (Hanoberg, Pays Bas)
Hanewut deviendrait Hanewoud
-*har ‘lièvre’: Harackessant (Bo, 1286 de *har-akr-sand, sable du champ aux lièvres’)
haar (hara heri 8893 hare): crête de sable, dune végétalisée ou traditionnellement
Haarakkerzand: sable du champ du crête de sable ou sable traditionnelle du champ.
Hiern (Hara) Heer (Hara) Haren (Haran) Harebeke (Haranbeki) Haarlo (Haralo)...
Haas (lièvre)
-*hard ‘dur, difficile’: Hardelot (Bo, Hardrelo(h) 1203, friche difficile)
Hard (901): dur, difficile, pauvre à labourer
Hardre: plus fort, plus difficile. Peut être aussi: hardre ou herdre: berger
Belgique: Herbais (Hardbecca 1197) Ardooie (Hardoia 847)
France: Herbelles (Hardbere 993, Saint-Omer) Hardelot (friche plus difficile à labourer ou friche du berger)
-*hraben ‘corbeau’: Les Ravendelles (Bo) (1882) < ‘vallée aux corbeaux’; Raventhun (Bo);
Raaf (corbeau) (821, rauen, raben, rauon, ravan...) corbeau
B: Ravels (*Ravenslo) Raveschoot (*Ravenschoot) Ramsdonk (*Ravensdonk) Ransbeek (ravansbeki)
F: Ravansberg (Dunkerque)
-*kald ‘froid’: (Bo): Caldhem (1112) ‘village froid’; Caudebronne (Bo) (1371) ‘froide source’
Koud (froid) (1067 kalt, cald kalde...)
Belgique: Koudenberg (Kaldanberg) Koudeschure
Pays Bas: Koudekerke, Kaldanessi
France: Coudekerque (Dunkerque) Koudeschure (Vieux-Berquin)
-[emprunt latin] *kamar ‘chambre’: Quervet (Bo, Kamarsvelt 1261 de *kamarsfeld, champ de la chambre)
Même emprunt mais parfaitement présent en Flandre (française) aussi:
Cambrai (Kamerijk) Kamerijk (Gingelom) Kamerijkbos (Buizingen) Ter Kameren (Brussel) Kamere Weide (Vorst) Kamerlo (Genk) Kamershoek (Zele)
-[mot voyageur latin] *kat ‘chat’: Camiers (Mo): Catmiers (1084) ‘lac aux chats’
Kat (chat) (katta 1165 cat cate)
*Katvoorde (Kattafurda) Kattem (Kattahem)
-*land ‘terre, terrain’: Landacre (Bo 1193, champ de terre
Land (teree, terrain) (lant 768 lande lando landen landa...)
Landakker (Wingene) Land (Wenduine) Landen, Lanthem, Landei, Landeghem, Landerghem, Landescoutre, Landlede, Landuyt, Abdinclande, Aldgeringheland, Oudelando (Hodelant, Altlant, Calais) Danieleslant (Amiens) Doullens (Duralant) Ellemerslant, Froland, Goselant (Dunkerque) Hutlant, Ilat, Kukenlande, Zeeland, Scaldemariland, Stenetland (Pas-de-Calais)
-*lang ‘long’: Longesticq (Bo, Longhestic 1339, de *lange-stük, long poteau(x)) Langehege: un ancien nom attesté en 1305: longue haie
Lang (long) (lank 773 lanc, langa, lango, lenge, longo, longon...)
Lange A (Lanka, Saint-Omer) Langebeke (Langabeki) Langabemi (Acquin) Languedic (Langadik, Moulle) Langendaal (Langondala) Langerlo (Langalo) Longuet (Lankwaddi, Cocquerel) Longuereques (Langerahaga, Samer)...
-*sand ‘sable’: Wissant (Bo, Witsand 1036 de *hwīt-sand ‘sable blanc’; Cent- Dunes (Bo, de *sand-dūn ‘dune de sable’) Harackessant (Bo 1286, de *har-akrsand; Sangatte (Bo, Sangata 1118 de *sand-gata, passage sableux)
Zand (sable) (sant 893 sand, sande...)
Sant, Sand, Sande, Zandberg (Santberg) Zanddijk (Sandik) Zandbergen (Santbergan) Zandvliet (Santflit) Zandvoorde (Santfort) Zandgate (Sangata) Zandhoven (Santhouen) Zandwijk (Sandewihc)
Baarzande (Bretsanda) Cadzand (Kadasant) Wissant (Witsant, Witsand)
-*skal ‘abri’: Ecales (Bo, Scala 877, de *skal. En Normandie : Écalles- Alix: Escales (fin XIIème s.) et en GB: Scales
Schuil (abri) (skūl 115) ou schaal (coquille) (*skala)
Schelluinen (Scalunen) Escalette (Frasnes-lez-Anvaing) Scalafie (Escanaffles) Scalmont (Arquennes)
-*skarp ‘pointu’: Escarpenesse (Bo, 1506 de *skarpe-nes, cap pointu)
Scherp (pointu) (skarp 901 scarp, scarph, scerp, poteau ou tas)
Scarphout (Scarphout 1297) Scharpinge (Scarpinge)
-*stapl ‘poteau’: Etaples (Mo, Stapulas 1026)
Stapel (poteau, entasse) (stapal 1029 staple, stapela, stapala...)
Stapleved (Stapalfelt, Wisques) Herstappe (Heristapal) Weggestapel (Overijssel) Stapelen (Stapal, Bokstel) Stapeldam (Stapaldam, Veurne)...
-[emprunt latin] *strat ‘rue’: Maquétra (Bo, Maquestrat 1525, la strat vers Marquise)
Straat (rue) (strata 875, strat, strate...)
Straten (Strata, Duffel) Estrée (Strata, Flobecq/Vloesberg) Straten (Straton, Sint-Andries) Strazeele (Stratsele, Dunkerque) Boucquerie (Bokeriestrat, Saint-Omer) Gentstraat (Ganstrata, Outer) *Heerstraat (Herstrat, Dunkerque) *Huningstraat (Huningastrata, Béthune) *Molenstraat (Molinstrate, Saint-Omer) ...
-*water ‘eau’: Bédouâtre (Bo, Briedewater 1286 de *brēde-water, eau large)
Water (eau) (watar 891 wazzer, uuatere, uuatar watre...)
Watermaal (Watarmala) Waterloo, Waterschei, Lankwater, Rinkwater, Soetwater, Waggelwater, Watergang, Waterhof, Waterland, Waterpanne, Watervliet...
-*bäki ‘ruisseau’: Becque (Bo), attesté à plusieurs reprises ; Wistiembecq (Bo) (1505, ruisseau aux pierres blanches). En Normandie: Caudebec : Caldebec (Xème s.) et en GB : Caldbeck
Beek (ruisseau) (beki 786, baec, bec, beccha, beka, baci, bais, beke... germanique *baki)
Beek (Bechi, Beke, Ubbergen) Bais (*Beek, Beaufort-Blavincourt) Beek (Becca, Geleen) Le bec (Baec, *Beek, Le Bec-Hellouin) Bais (*Beek, Frevent) Beika (*Beek, Tilburg) Bay (*Beek, Montigny-en-Ostrevant) Ter Beke (Beca, Deftinge) Aibes (*Aalbeke, Avesnes) Aalbeke (Albeccam) Aubecq (*Aalbeke, Flobecq/Vloesberg) Eerbeek (Artbeki, Brummen) Bambeke (Babenbeca) Bierbeek (*Birnbeek) Bombaye (Bolsbeke) Bunsbeek, Bousbecque (Bosbeka) Diepenbeek (Tidebechen) Fleurbaix (*Vloerbeek) Fourdebecques (Furkadebeca) Guarbecque (Gaverbeke) Harelbeke, Hellebecq, Esquelbecqn Steenbecque...
-*bäri ‘baie’: Bellebrune (Bo): Berebronna (1116) < *beri-bronn ‘source aux baies’
Beer (baie) (Bere 1287) Berendries, Berenheide, Berenvelt, Berenbroek, Berlare (Berelare)
-*bräki ‘jachère’: Brecquaque (Bo, Brequacre 1506 de *brek-aker, jachère)
Braak (jachère) (Brake 1240, jachère) Braak (Braka 736, sous-bois, arbustes) Breca
Brakel, Brakesvelt, Nobressart (Nôbrèçâ)...
-*däni ‘terrain bas’: Ledres (Bo, Sedena 1193 de *sē-den, basses terres près du lac
Dan (abri)
Danegem (Oedelem) Denneville (haia Daneville 1162)
-*hägi ‘haie’: Aigle (Bo, Heghe 1275) Langehege (1305, longue haie) Longuerecques (Bo, Langrehege 1219, longue haie). En Normandie : Étauhague (Estohague 1262 de *stodhaga avec stod ‘étalon’) et en GB : Stodday (Stodhae 1200)
Haag (haie) (Haga 889, Hegi, Haia, Hei...)
Den Haag, De Haag, Haag, Hagebos, Hageburg, Hagebus, Hagedoorn, Hagedoren, Hageheide, Hageland, Hagenbroek, Haagdijk (Aodijk, Hadijk)
Normandië: la Hague, le Tohague (l'Estohague 1456) Étauhague (Estohague 1262) le Hague-dike
-*märi ‘lac’: Camiers (Mo, Catmiers 1084, lac aux chats)
Meer (lac) (Meri Maro 691, mare, mari, meres, mier, …)
Maris (Adegem) Mere (Saint-Omer) Mere, Meer, Mera, Meren, Mern Marbais, Meerbeek, Meerbeke, Mardyck, Merehem, Merwede, Almere, Camiers (Caftmere 961)...
-*näsi ‘cap, nez’: Blanc-Nez (Bo, Hilderness 1124) Griz-Nez Bo, Blacqueness 1546, Escarpenesse (Bo 1506 de *skarpe(n)-nes). Attesté en Normandie.
Nes (cap, nez) (Nessi 918, ne, nesen, nesse, nisse...)
Nes, Bernesse, Frankennes, Fronenes, Gternesse, Hontenesse, Cap Blanc-nez (Blankenesse) Cap Gris-nez (Craig-Ness, Swarteness, Oldernesse) Selnesse (Ardres) Escarpenesse (Wimille) La Nesse (Saint-Omer) Markenes (Guines) Longuenesse et Ordrenesse (Saint-Omer) Witternesse (Norrent-Fontes) Normandie: Le Gros-Nès (Le Gros Nez, Flamanville) Le Nès (Nez) (Jobourg, Querqueville, Voidries, le Carteret en Tancarville) le Nès-Roc (l'anse de Plainvic, Hague) le Nès Kilachi (Auderville) Pointe du Rozel : Cor-Nez (Les Pieux) La pointe du Nez (Danneville-Hague) Le Gros Nez (Jersey) Le Bec du Nez (Serk) Le Haut Nez (Guernesey) Le Ronez (Jersey)
-*säli ‘pièce, cabane’: Selles (Bo, Selae 826) Audresselles (Bo, Odersele 1150 de *Alden-sele vieilles cabanes)
Zaal (salle, pièce principale, maison centrale, maison d'une pièce) (Sala Seli 639, sele, selle, sele, sila, sala...)
Sala, Zele, Salehem, Selnesse (Ardres) Aldensele, Aarsele, Batsalis (Basseux) Bissezeele, Broekzele (Brussel) Bollezeele, Dadizele, Elzele (Elleselles) Flamersele (Audinghen) Hinguezelle, Lederzeele, Moorsele...
-*ähwi ‘rivière, fleuve’: Wimereux (Bo, Wimerreuwe 1305 de [?]*(h)wimer-ehwe, rivière aux courlis) Ambleteuse (Bo, Ambletowe 1121) Amfleat (VIIIème s, de *an-fleat-ehwe, [?] ria)
Aa (eau, courant d'eau) (1285 A)
Ee (eau, courant d'eau) (1270 E He Hee)
Zierikzee (Sierix-ee) Elkers-ee, Duiven-ee, Vernoutsee, Hontee, Wielingee, Purmer-ee
-*aik ‘chêne’: Ecault (Bo, Hecolt 1208, de *ēk-holt, bois de chênes)
Eik (chêne) (ēk, eka, eka 808)
Eekhout (Echolt 1130) Ecaut (Hecout 1109, Sint-Etienne) Eekhout (Ekeholt 1133) Eikhout (Hechot 1142, Wormhout) Ecault (Hechot 1142, Offrethun) Ecout (Ekhout 1193, Saint-Omer) Eclohum (Ekalo 808, Landrethun-le-Nord/Boulogne-sur-Mer)
-*braid ‘large’: Bresdalle (Bo, XVème s. de *brēd-dal, large vallée) Bédouâtre (Bo, Briedewater 1286, eau large) Bredenarde (Mo, terre large)
Breed (large) (brēt 851, breid, bred, brede, brid...)
Brédenarde (brēdinarda, Calais) *Bredeweg (brēdiweg, Holque) Breda (brēdā) Bredene (brēdinē) Bredebroek (brēdinbruok) Breeveld, (Brēdifelt) Bredevoort (brēdinfurda) Breem (brēdinhēm) *Breedheem (brēthēm, Walcheren) Bredelo (brēdilō) Breedmede (brētmēda, Walcheren)
-*hailig ‘saint’: Hellebronne (Bo, Helicbruna 867 de *hēlige-bruna , sainte source)
Heilig (saint, sacré) (hēlig 791, halogan, heiligo, hela, heleg, …)
Heiloo (hēliglō,) *Heiligloërvenne (hēliglōwerifenni, Heiloo) Helwerd (*Heiligwoerd)
-*haim ‘village’: -hēm, Voir ci-dessus les exemples
Heim heem (village, maison, ferme) (hēm 507)
-*raik ‘(bande de) terrain’: Brecquerecque (Bo, Bracquerecque 1415 de *Brackerēk, terrain de fougères)
Reek (rangée, bande de terrain) (rec recke reke 1280)
Reke (Bilzen)
-*sajwa ‘mer, lac’: La Slack (Bo, un fleuve côtier, Selake (XIIIème s. de *se-lak, [lit.] lac-lac) Ledres (Bo, Sedena 1193 de*sē-den, terre basse avec un lac)
Laak (Cours d'eau, étang, lac) (laka leka 723 lake, lac, laco, lec...)
Laak (Laka) Laque (Laka, Quelmes) La Laque (Laca, Aire-sur-la-Lys) Laken (Lachus, Cambrai) Leke (leca) Lexmond (Lakesmunde) Vulelake (Vulaka, Saint-Folquin) Melleke (Melleche, Guines) Mourlacq (Morlaka, Saint-Momelin) Morlay (muorlaka, Ponthoile) *Wedelaka (VUidlaci, Marles-sur-Canche)
-*staiger ‘escalier, échaffaudage’: Estiegres (ancien toponyme attesté en 1506, de *stēgr)
Steiger (escalier, échaffaudage) (stēger 869 stagras, staires steger)
Estaires (Stagras 869) Estairebroec (Stegerbroch, Estaires) *Grotehavikensteiger (grōterhavikestēger, Hollande)
-*stain ‘pierre’: Wistiembecq (Bo) (1505) ‘ruisseau aux pierres blanches’; Etiembrique (Bo): Le Stenbrige (1305) ‘pont de pierre’
Steen (pierre) (stēn 768, stein, stene, stain, sten...)
Steene (Stenes, dunkerque) Stene, Steenakker (Steaccra) Steenbecque (Stenbecca, Dunkerque) Steenbeke (Steinbecca) *Steenbeke (Stenbeca, Zélande) Estaimbourg (Stenuurt) Steenvoorde (Stenuorde) Steenwerck (Steniewerca, Dunkerque) Steenhuyze (Stenhusen) Steenkerke (Stenkerca) Steenland (Steelant, Volckerinckhove) Estampuis (Stemput)
-[scandinave]*θwaite ‘essart’: Thiegatte (Bo, Tegata 1208, Tiegate 1389)
Voir plus haut.
-*lauha ‘défrichement’: Hardelot (Bo, Hardrelo 1203 de (?) *Harder-lo, friche difficile) Lohen (Bo, Lohem 1298 village défriché)
Lo (défrichement) (Loo Loe 1210) Loo (bois, forêt)
Lo (Lo-Reninge) Lo (Borgloon) Loobilck (Oedelem) Het Loo (Apeldoorn) Hornlo) Irmenlo, Dalbonlo, Waardlo, Orclo, Legurlo, Langlo, Boekeloo, Esscheloo, Eekloo, Berkeloo (Borkeloo), Hulseloo...
-*aust ‘est’: Ostove (1390); Ostrehen (Bo) (1208). En Normandie Ouistreham
Oost (est) (ōst, āst 802, aust, haut, host, oist, ost...)
*Oosthove (Osthofa, Bazinghen) Oostum (Osthem) Oostakker, Oostbriek, Oostburg, Oosthoek (Esquelbecq) Oostkappel (Dunkerque) Oostmeet...
Normandie: Étréham (Oesterham 1350, mais peut-être ouest(er)-ham, ouest)
-*raud ‘rouge’: Rotembert (Bo, Rodenbergh 1305, mont rouge)
Rood (rouge) (rōt 918, ruod, roda, raden...)
Roomburg (*Rodenburg) rōdanburgweribruok (Zoeterwoude) Rodenrijs, Rodenberg...
-*hauh ‘haut’: Le Hodde (Bo 1505 de*hoh-de. En Normandie Le Hou et en GB the Hoe à Plymouth (Dorset)
Hoog (haut) (hō, hōg 857, houch, hogh, ho, hohen...) Hoogte (hauteur) (hogede, hogde, hoogde)
Haut-Pont (hōbrugga, Saint-Omer) Hobrugge (hōbrugga) Hodicq (Brexent) Hodicq (Beuvrequen)
Hooidonk, Hogegeest, Heugum (*Hoogheem)
-*berg ‘mont’: Witelbert (Bo, Wisterberg 1525) Mont-Lambert (Bo, Bonemberg 1208) Rotembert (Bo, Rodenbergh 1305) Milembert (Bo, Milenberc 1391 de *milen-berg)
Berg (mont, colline) (Berg 814, bergh, berge, berch, bers, bert...)
Berg/Bergen (beaucoup de toponymes) Bergues (berga, Bergen) Bersackere (Bergackere, Gent) Bercem (Bergheem) Berquen (Berkem, Bergheem) Uitbergen, Aganesberga (Calais) Ballinberg (Dunkerque) Berbert (Bertberg, Licques) Brunembert (*Bruinsberg, Boulogne-sur-Mer) Inglebert (Ingelberga, Quelmes) Autembert (Hetenesberg, Wierre-Effroy) Fauquembergues (Falcanberga) Valkenburg, Flobeq/Vloesberg (Floresberg) Grimbergen, Helbergen, Hesmond (Hethenesberg) Audembert (Hundesberch) Humbert (Umberche) Isbergues, Izenberge, Caubert (Koudenberg, Abbeville) Quembergue (Kermberg) Kleiberge, Colembert (Boulogne-sur-Mer) Loberge (Dunkerque) Reberque (Rosberge, Saint-Omer) Rubergues ( Ruberge, Wimille) Strombeek, Wonesberch (Boulogne-sur-Mer)...
-*berk ‘bouleau’: Berck (Mo, Berc 1215 de *berk)
Berk (bouleau) (birka 1040, ber, berc, birc)
Berkelaar (birkalār, Echt) Beclers (Berkelaar) Berclau (Berkelo, Béthune) Berkel (Berkelo) Berloz (Berkelo, Waremme/Borgworm) Berck, Berkendonk, Berken, Berkendael, Berkhoeve, Berkven...
-*erθ ‘terre’: Bredenarde (Mo, large terre)
Aarde (terre) (ertha 901, erthe, erth, erde...)
Aerdenwyk, Oudenaarde, Kruypendaerde, Swynaerde, Brédenarde (Breedenaarde)...
-*feld ‘champ’: Pittefaux (Bo, Pitesfelt 1208) Pittefaut (1286) Pichevert (Bo, Pissevelt 1305 de *pīse-feld, champ de pois) Honvault (Bo, Honvaut 1278) de *hen-field, champ aux poules) Quervet (Bo, Kamarsvelt 1261 de *kamars-feld, champ de la chambre) Onglevert (Bo, Hungervelt 1208, champ de la faim)
Veld (champs, terre inexploré, prairie) (felt 802, ueld, velde, velt, weld...)
Veld (Gent) Veldakker (Feldaccra) Veltem (Felthem) *Veldeke (Ueldeke) Ertvelde (Arteuelde) Breeveld (Bredewelt) Geluveld (Geleuelt) Godewaersvelde (Godeuerdsuelde) Grimevelt (Mons/Bergen) Helfaut (Helefelt, Saint-Omer) Koekveld (Cokeweld, Saint-Omer) Lichtervelde, Schiervelde (Scieruelde, Roeselare) *Wymveld (Wimeuelt, Ghyvelde) *Hollevelderlede (Oleueldreled, Serques)...
-*fen ‘marais’: Fenendalle (Bo 1492 de vallée marécageuse)
Veen (tourbe, prairie, pâturage, marais, étang (marécageux), lac en forêt ou landes) (Feni fenni 856, fen, fenz, uen, ven, vene, fan, fain...)
Falaën (Fen) Veen (Ueno) *Veen (Fania, Avesnes) *Veenakker (Fenaccra, Astene) Venlo, Zutphen (Sutfenne)...
-*fern ‘fougère’: Fernehem (Mo, village aux fougères)
Varen (fougère) (Farn 814, vern...)
Varenakker (vernackre, Baaigem) Varenbergh, Ter Varent (Farnoth, Landegem) Varendonk, Varenrit (Varenreit, Varendonk) Varendries, Varenbos, Varenthof...
-*helder ‘clair’: Blanc-Nez (Bo, Hilderness 1124)
Helder (clair)
Den helder (Kalmthout) Helderen, Heldergem, Hilderberg, Holderinghen
-*wester ‘ouest’: Witelbert (Bo, Wisterberg (1525) Ostrohove (Bo, Westrehove 1121)
West (ouest)
Westhof (Dudzele) Westhof (Walcheren) West-Axles (Axles) Westouter, West-Andres (Andres) Westvleteren, Westholke (Holques) Westhouc (Esquelbecq)...
Wester (à ou vers l'ouest) (1298)
Wester Nieuweghe (Nieuwege) Westerbeek (Maldegem) Westergem (Gent) Westerkerk, Westerlees (Zandvoorde) Westermolenwerf (westermuelinwerf, Wenduine) Het Westerstuk (westerstuc, Lissewege)
-*bræm ‘mûre(s)’: Brames (Bo, 1142) Cf. Angl. bramble.
Braam (mûre) (brāma 1051 braem 1226)
Brames (Saint-Omer) Braamhese (Xanten) Brammelo (Bramlare, Haaksbergen) Braemakker (Ettelgem) Braamakker (Maldegem) Braemberg (Brugge) Braemhil (Maldegem)...
-*kræw ‘corbeau’: Crambreucqs (Bo, Crawenbruecq 1286 de *crāwen-brōk, ruisseau aux corbeaux
Kraai (corbeau) (kraion 951 kraia 1003, cra, craie, crahin, cray, kraye...'Crawe' (corbeau) comme nom de famille) Et *kouwa (choucas) (1105, choe, coue. kauw)
Crambreucqs: 'Crawen' est devenu le flamand 'craa'n' avant de changer en 'cram'...
- *hlink ‘colline, rive’: Ningles (Bo, Linguire 1415 de *(h)link-wir ‘[?] algues côtières)
Link (courbé, tordu, fléchie) (Lenki 1136, lenc, linke...)
Link (Dunkerque, un dos de sable dans les polders) Linkebeek, Linkhout (Lencholt, Hasselt)
-[?]*hwimer ‘courlis’: Wimereux (Bo, Wimerreuwe 1305 de *(h)wimer-ehwe [?] rivière aux courlis)
Wimereux (Wimerenc 9e siècle, Wmerreuwe 1203) ([?] de 'wime' (brindilles de saule/ treillis d'osier) et 'renk', courbe, courbé) (treillis d'osier courbés ou rivière avec des treillis d'osier)
Wimers (Pays Bas) Wijmers (Noord-Holland)
- *lisk ‘roseau’: Lisbourne (Bo): Lissebourne (1506) < *liske-burn ‘source aux roseaux’
Lis (roseau) (Lissi 1060, lise, lissa, lit, liz, lisse lissche/liske...)
Lieshout (Lissiholt, Laarbeek) Lissewege, Lisbecq (Hoves) Lisse
- *wind ‘vent’: Ventu (Bo, Winthus 1286 de *wind-hūs ‘maison venteuse’) Wimille (Bo, Wimilla 1157 de *Wind-mill
Wind (vent) (wint 901, uuint)
Wind, Windbraken (Wintbraken) Windgat, Windhoek
- *winkl ‘petit arpent de terrain’: Winquet (Bo): Winquel (1401);
Winkel (angle, virage) (1070, uuinkel, vincla, wingeles)
Winkel, Wingles (Wingeles 1145 Vincla, Lens) Overwinkel (Overewinkel, Schagen) Wingles (Wistrewingles, Lens) Sint-Eloois-Winkel, Terwinkel, Winkelhoek
- *wir ‘seaweed’: Ningles (Bo, Linguire 1415 de *(h)link-wir [?] algues côtières)
Wier (algues côtières) (*wîr 855, weer)
Wieringen (Wirom) Wierum (UUirem)
- *hwīt ‘blanc’: Wissant (Bo, Witsand 1036 de *hwīt-sand, sable blanc)
Wistiembecq (Bo 1505 ruisseau aux pierres blanches)
Wit (blanc) (wīt 901, wiz, uuita, hwit, wis...)
Wittem (Witham) Wittelte (Withelte) Withof, Withuys, Wittebrug, Wittenberg, Wittewalle...
-*līm ‘boue’: Broeucqs (Bo, Breucz 1481) Limmenbreuq (Bo 1506, rivière boueuse)
Lijm (boue) (lime 1351)
- [emprunt latin] *pīs ‘pois’: Pichevert (Bo): Pissevelt (1305) < *pīse-feld ‘champ aux pois)
'Pis' dans pissebloem, litt. pisse-fleur: pissenlit. Pissevelt: champs avec beaucoup de pissenlits
-*rīk ‘riche, grand’: Renard (Bo): Rikenacre (1112) < *rīken-akr)
Rijk (riche, puissant ) (rīki 901 rīko)
Rijkel (Rikilo) Rixtel (Rikistal) Rijkevorsel, Rikedale (Walcheren) Rijkerode (Rikerode) Sint-Rijkers (Sente Rikers, Merkem) Saint-Riquier (Abbeville) Rijkegem, Rijkhoven...
-*wīd ‘large’: Pointe-aux-Oies (Bo [autrefois] Widereke de *wīde-reke, largeterrain)
Wijd (large) (wīdo 1100, wīde, wide)
Widelam (Gent) Wijtschate (Widescate) (Widereke, plus-tôt 'large rangée')
-*brōk ‘ruisseau’: Broeucqs (Bo, Breucz 1481) Limmenbreuq (Bo 1506 ruisseau boueux) Crambreucqs (Bo une rivière: Crawenbruecq 1286 de *crāwen-brōk, ruisseau aux corbeaux) En Normandie: Bruquedalle: Brokedale (1185-89) et en GB : Brookdale
Broek (plaine humide, marais, boue) (bruok 868, broc, broke, bruec, bruc...)
Broek, Brabant (Broekbant) *Broekham (Brucham, Calais) *broekhof (Bruchehove, Zutphen) Brouxolle (Brokeshola, Moringhem) Broukerque (Brokerka) Brussel (Bruocsella) Broxeele (Brocselo) Dennebroeucq (Denebrac) Recquebreucq (Saint-Omer) Hambreucq (Hambreuc) Hazebroek (Hasbroec) Callebroucq (Karlebroc, Flobecq/Vloesberg) *nieuwbroek ( Newabruch, Marck) Rubroek (Rubroch, Dunkerque) Estairebroec (Estaires)...
En Normandië: le Fouillebroc
- *hōn ‘poule’: Honvault (Bo, Honvaut 1278 de *hen-feld)
Hoen/hen (poule, oiseau de basse-cour ) (huon 1189, hon, honre, hen)
Hendam, Hennebos, *Hoenderboom (huonrebōm) Hennenberg (Loosduinen) Hensbroek, Hoensdrecht...
- *bōki ‘hêtre’: Bécourt (Mo, Becolt (1156 de *bēk-holt ‘bois aux hêtres)
Beuk (hêtre) (buoka 806, bec, boc, buoc...)
Beuken, *Beukheem (Bochem) Boechoute (Buokholte) Boechout (Bucolt) Bouquehault (Buchout) Bokhorst (Bochursti) Beukt (Buch) Schoonbroek (Sconebuc)...
- *bluk ‘bloc’: Brucquedalle (Bo): Blokendale (1208) ‘vallée aux blocs de bois)
Blok (bloc) (11766, bloc)
*Bloklede (bloklētha) Blochame (Maastricht) Blokhoven (Schalkwijk)
-*brun ‘source’: Quembronne (Bo, Caudebronne 1371) Cambronne (Bo) Bellebrune (Bo, Berebronna 1116 de *beri-bronn, source aux baies)
Bron (source) (brunno 944, borne, burna, brona, brun, bruna...)
Born (Bur,e) Bornem (Burneham) Bornem (Borneheim) Bellebrune (Belebrone 1101) Coussebourne (Cosebrona, Audrehem) Courtebourne (Corteborne) Lostebarne (Lodebrune, Louches) Thiembronne (Tembroina, Saint-Omer) Esquibone (Skibborna, Guines)
- *burt ‘birth’: Bourthes (Mo): Burthem (857) < *burt-hem, un village situé près de
la source de la Aa;
Boort (naissance) (borte 1298, boorte, boert, boirt, boird, buert, bort)
- *furd ‘gué’: Londefort (Bo, de *londe-fort, gué dans la forêt)
Voorde (gué) (furda 779, ferd, ford, fort, forth, furdo, furte...)
Voorde (Uorda) Voorthuizen (Voirthusen) Audenfort (Aldenfort, Clerques) Amersfoort, Bekkevoort, Vilvoorde (Filfurda) *Geltvoorde (Geldefort, Clairmarais) Hardifort (Hardinfort) Houllefort (Holeford) Koekelvoorde (Cocelvort, Sint-Maria-Horebeke) Londefort (Wierre-Effroy) Ruddervoorde (Rituorth) Estaimbourg (Stenuord) Steenvoorde (Stenvord) Steenvoorde (Stenvordae)
- *huf, *hub ‘cour’: Ostove (1390) , Ostrohove (Bo) ‘cour de l’est)
Hof (ferme, cour) (929, hoef, houe, hove...)
Ostove (ōsthofa) Oosterhoven (ōstarhofon) Rorikhove (rodrīkhofa)...
- *hul ‘creux, bas’: Houlouve (Bo, Houllouve 1553 de *Hul-huf, cour basse)
Hol (creux, bas)
Brouxolles (Brokeshola) Fouquesolles (Voxola) Muishole (Musehole)...
- *hult ‘bois’: Ecault (Bo): Hecolt (1208) < *ēk-holt ‘bois de chênes)
Hout (bois) (holt 741, hoult, hult, ol, houta...)
Houtvliet (Holdfledum, Veurne) Kruishoutem (Holtem) Letterhoutem (Holthem) Houthem (Houlten) Houtem (Holthem) Houtkerque, Holtland, Houlet (Houdleda) Avroult (Auerhout) *Herenthout (Hirnethold, Clairmarais) Odrenault (Rety) Meerhout, Scheldeholt...
- *hund ‘chien’: Hondecote (Bo, ancien nom de la Slack (ca. 1220) hutte au chien)
Audembert (Bo, Hundesberch 1790, mont du chien)
Hond (chien) (*hundo 507, hunt 507, hund, hont, und...)
Audembert (Hundasberg) *Hondsgate (Hundasgata, Salperwick) Hundeslo, Hondegem, Hondschote)
-*hunger ‘faim, famine’: Onglevert (Bo, Hungervelt 1208, champ de la faim)
Honger (faim, famine) (hunger 901, hongre, hungre...)
Hongerkouter (hungerkoltar, Louches) *Hongerrode (hungerrotha)
- *hupp ‘houblon’: Hopihen (Bo); Houpenhove (Bo) ‘ferme au houblon)
Hop (houblon) (huppa, huppo 1168 hoppe)
Huppel (Huppelo)
- *knul ‘colline’: Quenolle (Bo)
Knol (colline) (cnol 1407)
- *kup ‘colline’: Mont de Coupe (Bo): Couple (ca. 1480), formation pléonastique;
Kop (tête, partie supérieure d'une colline ou d'une montagne) (Kop 1491, pluriel: koppen)
Koppenberg, Hof ter Koppen, Koppendries, Muggenkop
- *kut ‘abri’: Hondecote (Bo), ancien nom de la Slack (1220-1225)
Kot (cabane) (kot, kota 1121, cote, cot, cota, kote...)
Kot, Koten, Katendrecht (Kotandreht) Duskote, Zuidkote (Dunkerque) Weidekote (Ninove)
- *lund ‘forêt’: Londefort (Bo). En Normandie : La Londe: Lunda (1170)
Lund/lond (terre non cultivé) land (terre 768)
Londerzeel (Lundersella 1139) Leende (Lint, Lunde) *Londesvoorde (londa(s)furda, Wierre-Effroy) Sarlonde (Bruyelle) Land, Landvoort, Te Lande, Landegem, Landen, Landescoutre...
En Normandië: Petites Londes, Grandes Londe, Etoublon (Stobelont Stublond) Faguillonde Bouquelon, Écaquelon (Esquaquelont 1236) Catelon (Catelunti 1096) YquelonIclon (Ichelunt 1088) Yébleron (Eblelont 1210) Crollon, Etalonde, Étalondes, La Londe-les-Maures, La Grande-Londe La Grosse-Londe, Château de la Londe
-*rusk ‘ajonc’: Rosquebrune (Bo): Rusquebrune (18th c.) < *ruske-bronn ‘source
aux ajoncs
Rusch (jonc) (rosch resch)
Ruschdijck, Ruisbroek (Ruschebroc 1138)
-*up ‘vers le haut’: Houpevent (Bo): Ouphem (1305) < *up-hem ‘village-le-haut)
Op (vers le haut) (up 777, uppa, ope, ob...)
Opbrussel (upbruokseli) Upen (Upheem, Delettes) Oppem (Upheem) *Opkerk (Upkirika, Dorestad) Opdorp (uppanthorp) Opstal (Upstal)
-*wud ‘bois’: Henneveux (Bo): Hanewut (1184) < *hane-wud ‘bois au coq)
Woud (forêt, bois) (walt 726, uualdo, walde, wolde, wout, woud...)
Reiderwold (*Woud) Walde, Waltheim (Dokkum) *Woudhuizen (UUaldhuson)
-*wulf ‘loup’: Offrethun (Bo, de *(w)olf-hari-tun)
Wolf (loup) (wulf 752, vulf, ulf, olf...)
Wolferen, Wolfshil, *Wolfshuis (wulfhūs, Saint-Omer) Wolfskerke (wulfaskirika) Woldschoot...
-*brügjō ‘pont’: Pont-de-briques (Bo, Pont de le Brike 1203) Etiembrique (Bo, Stenbrige 1305)
Brug (pont) (brugga 840, bricge, brige, brudgis, bruge, briga, bergga...)
Brugge, Gentbrugge, Bambrugge (Banbrucge) Havikersbrug (Hauekersbrighe, Saint-Omer) Haut-Pont (Hobriga) Hobrugge (Torhout) Kortebrugge (Cortabriga) Weinebrugge...
-[emprunt latin] *mülīna ‘moulin’: Wimille (Bo, Wimilla 1157, de *wind-mill) Milembert (Bo, Milenberc 1391, de *milen-berg)
Molen (moulin, du Latin molina) (molna 1100, mulne, muelen, mulen, mille)
Mullem (Molna) Meulebeke (Mulenbeca) Moulbaix (Molenbais) Molendijk (Mulendic) Mollem (Mulnehem) Nedermolen
-*stükki ‘poteau’: Longesticq (Bo): Longhestic (1339) < *lange-stük
Staak (pieu) (stako 1193, steck) Steekt (Stakithi)
Stuk (piece de terre) Thietlintstukki, Evurhelmsstukki, Gērlintstukki, Wegstukki
Stok (poteau) Stokbrugga, Stokdam, Stokhēm, Stokithi, Stoklō, Stokrōtha
-*hülni ‘colline’: Le Hil (Bo, Hil 1339)
Hil (colline) (hulli, hilli 1066, hil, hulle, hille)
Hille (Hilla) Hil (Hylle) Hil (Hils) Grodenhullen (Gent) Kolaardshil (Gent) Wadhil (Thérouanne/Terwaan) Wolfs hil
-*būr ‘hutte’: B(e)urière (Bo): un toponyme attesté pour la première fois en 1579
Buur (maison, cabane, étable, écurie) (būr 772, buren, buria, burs...)
Buren, Boeur (Burris, Houffalize) Bure (Burs, Dinant) Hoogbuurlo (Apeldoorn) Monnequenbeurre (Monekebur, Saint-Folquin) Oostbuurt, Westerbure
-*hūrt ‘frapper, heurter’: Heurt, Inheurt (Bo, les noms de deux récifs près du Portel, de *(in-)hūrt)
hurt 1290 (choc, coup, coup de poing)
hurt 1312 (vannerie, osier)
Hurt, Hurtekin, Hurtebize, Hurtebois
-*hūs ‘maison’: Ventu (Bo, Winthus 1286 de *wind-hūs) Calleuse (Bo, Calleheuze 1583 de *kald-hūs.
Huis (maison) ( hūs 793, huson, huse, huus, huyse, us usa...)
Huis (Uzsa) Husen (usa) Huizen, Hoeselt (Housle) *huismeet (Husmet) Boshuizen, Langenhuis, Steenhuize, *Wolfhuis (UUlfus, Saint-Omer)
-*skūra ‘grange’: Capécure (Bo, Cappescure 1292) Ecuires (Mo, Escuras 1079)
Schuur (grange) ( skūra 794, schur, schure, scure, scures...)
Schuren (scuren) Schuurhof (Scurehove) Beschure (Bescura) Buischeure (Buscure, Dunkerque) Koudeschure (Diksmuide) Koudeschure (Coudescure, Vieil-Berquin) Lapscheure, Renescure (Dunkerque)...
-*dūn ‘dune’: Cent-Dunes (Bo, de *sand-dūn, dune de sable)
Duin (dune) (dūn 777, duna, den, dene, dunen...)
Duin, Ter Duinen, Oostduinkerke, Dunkerque (Duinkerke) *Kaalduinen (Calvadunen, Calais) Leusden (Lisidinon) Wenduine...
-*tūn ‘ferme’: -thun (Bo)
Tuin (jardin, ferme, enclos, village...) (tūn 814, thon, thun, tum, tuna...)
Tuin, Audingtuin (Audinktūn, Saint-Omer) Baincthun (baginktūn) Dirlincthu (dirlinktūn, Hames-Boucres) *Folkestuin (fulkestūn, nord de la France) ...
-*diup ‘profond (angl. deep)’: Dippendale (Bo, Dieppendalle 1196) Pont-Pitendal (Bo, de Dipendale 1506 de *diepen-dal, vallée profonde) En Normandie Dieppedalle et GB : Deepdale
Diep (profond) (diep 768, diepe, diop, dip, dypan, tiefen, diepin...)
Diepa (ruisseau, Gent) Diepene, Diepenbeek, Diepenbroek, Diependale, Dippendalle (Bouquehault) Diepezele En Normandie: Dieppe, Dieppedalle, Dipdal
-*fliut ‘crique, rivière’: Ambleteuse (Bo, Ambletowe 1121) Amfleat (8e s. de *an-fleat-ehwe) En Normandie Honfleur: Hunefleth (1025) Hunefloth (1062) avec une francisation fantaisiste de fleu en fleur
Vliet (crique, rivière) (fliet 944, flit, flet, fliata, flith, ulit, vleit, vlit...)
Vliet, Vliet (Flit, Bourbourg) Biervliet (Bierflita) Poortvliet, Potvliet, *Ruisvliet (Rusgefleta) Russevliet, Zandvliet, Schellevliet, Watervliet...
-*niu ‘nouveau’: Nienb(o)urc (Bo): ancien toponyme attesté en 1208)
Nieuw (nouveau) (niuwi 777, niwa, niwen, ne, ni, niu, nieu, nieue...)
*Nieuwena (Niuwana, ruisseau Saint-Omer) *Nieuwbroek (niuwibruok, Marck) *Nieuwbroek, (niuwibruok, La Capelle) Nouvelles-Église (niuwikirika, Audruicq) Nieuwerleet (niuwiletha, Dunkerque) Nieuwpoort (Niuwiport, Gravelines) Nieuwege...
Bi Got!
“Lorsque Rolf ou Rollon, a qui Charles-le-Chauve avait cede le duché de Normandie pour avoir la paix avec les Normands, se presentait devant le roi de France, il prononça ces mots thiois 'By got', qui sont rester dans la langue flamande et qui signifient: 'Par Dieu'. Le monarque et ses courtisans pour qui ces paroles n'etaient plus intelligibles, se prirent a rire. Charles et Rollon ne purent s'expliquer qu'au moyen d'un interprete”.iv
Évolutions
Avec les Mérovingiens, l'ancien néerlandais a connu un intérêt plus officiel dans ce qui est maintenant le nord de la France. Les Carolingiens ont ensuite amené le Rijnlands (le rhénan) au premier plan. 'Rijnlands' est venu d'une zone de transition où les éléments néerlandais et allemands se sont rencontrés. Le haut allemand se parlait dans les montagnes. 'Rijnlands' était une région où le néerlandais et le haut allemand ont prospéré ensemble. Au 19ème siècle, la région autour de Kleef, Gelderen et Viersen en Allemagne a été obligée de passer son éducation du néerlandais à l'allemand!v
Jusqu'à la Révolution française (1789), la moitié de la population française ne parlait pas français. Les autres langues ont été interdites dans la vie officielle à partir de cette date. Si nous faisons un 'tour de France', nous découvrirons des restes de picard, flamand, wallon, allemand, alsacien, arpitan, italien, catalan, basque, occitan, breton, normand...
Les régions des deux côtés de la Manche et du côté est de la mer du Nord étaient des centres importants au premier millénaire. Le flamand occidentale était au centre avec le kentois, tous les deux des langues saxonnes. La Flandre occidentale et le Kent ont également des caractéristiques communes frappantes dans leur ADN. Le flamand occidental moderne, comme le frison, est une langue archaïque importante pour l'étude des anciennes langues germaniques occidentales. Connaître le flamand occidental vous permet de lire l'ancien anglais sans difficultés majeurs. Ce westique se reflétait en Normandie aussi. Au premier millénaire, le thiois (westique) était la lingua franca de la Loire à l'Elbe et même plus loin. On la nomme aussi 'Nederduits' (bas allemand) mais ça donne parfois des difficultés parce que ce nom était utilisé aussi pour le néerlandais et le 'Plat' en Allemagne. Le Francique en Allemagne a évolué en 'Hoog Duits' (haut allemand). 'Duits-Diets-Dutch' ont les mêmes racines! La Normandie d'aujourd'hui a beaucoup de mots empruntés du thiois qui n'étaient pas des mots scandinaves.vi Autrefois la Picardie faisait partie des Pays-Bas et la Normandie en était un voisin. Il est donc inévitable qu'il y ait eu d'influence du langage le plus proche. Le professeur Devos (linguistique Belge) a écrit qu'en Belgique, le brabançon et le limbourgeois étaient de langues teutoniques (franciques), la langue flamande était thioise (Saxonne). Toutes ces variantes étaient facilement compréhensibles parce qu'il ne se sont séparés que beaucoup plus tard. Mais ils étaient bien deux piliers de la langue néerlandaise. C'est le néerlandais qui était également utilisé dans les salles de rhétorique au nord de la France. En 1302, Pieter de Coninck de la ville de Gent (Gand) fut l'un des chefs de la bataille des éperons d'or contre les francophones riches. En 1306, il écrivit une lettre en flamand à des citoyens de Sint-Omaars (Saint-Omer) partageant les mêmes idées (il ne reste de la lettre qu'une version traduite en français-picard).
Le vocabulaire du saxon que Fournet nous propose sont aussi des mots flamands. Le néerlandais et/ou flamand moderne (!) se trouvent entre parenthèses pour que l'on puisse comparer.
Voici les lexèmes attestés selon Fournet: akr (akker/akre) ‘champ’, ald (old/oud) ‘vieux’, an (aan/an) ‘sur’, erd (aarde/erde) ‘terre’, bek (beek/beke) ‘ruisseau’, bēk (beuk) ‘hêtre’, bere (bes/beer) ‘baie’, berg (berg) ‘mont[agne]’, berk (berk) ‘bouleau’, blak (zwart/blek) ‘noir’, blok (blok) ‘bloc’, [scandinave?] brak (brak, voir plus haut) ‘fougère’, brēd (breed) ‘large’, brek (braak) ‘jachère’, brige (brug/brugge) ‘pont’, brök (broek) ‘ruisseau’, bronn, burn (bron born) ‘source’, büür (buurt) ‘hutte’, burg (burg) ‘ville fortifiée’, burt (boorte geboorte) ‘naissance’, dal (dal) ‘vallée’, den (vallei anciennement 'den') ‘terre basse’, diep (diep/diepe) ‘profond’, düün (duin/dune) ‘dune’, ēk (eik) ‘chêne’, e(h)we (aa, ee, ede) ‘rivière’, falk (valk) ‘faucon’, feld (veld) ‘champ, terrain’, fenn (ven) ‘marais’, fern (varen/varn) ‘fougère’, fleat (vliet) ‘crique, rivière’, ford (voorde) ‘gué’, [scandinave] gata (gat) ‘voie, passage’, hal (?) ‘rocher’, hane (haan/hane) ‘coq’, har (haas/haze) ‘lièvre’, hard (hard) ‘dur’, hege (haag/hage) ‘haie’, hēlig (heilig) ‘sain’, hēm (heim) ‘village’, hil (hil) ‘colline’, hilder (helder) ‘clair’, (h)linc (link) ‘côte’, *hoh (hoog/hohe) ‘haut’ dans hodde (hoogte) ‘hauteur’, holt (hout) ‘bois’, hove (hof hove) ‘cour’, (h)raven (raaf/rave) ‘corbeau’, (h)ros (ros hors) ‘cheval’, hul (hol) ‘(terrain) en creux, contrebas’, hund (hond) ‘chien’, hunger (honger) ‘faim’, hup (hop) ‘houblon’, hūrt (hurt) ‘heurter’, hüüs (huis/hus) ‘maison’, (h)wīt (wit) ‘blanc’, in (in) ‘dans’, kald (koud) ‘froid’, [latin] kamar (kamer/kamre) ‘chambre’, kappe (kap/kappe) ‘cap’, knol (knol) ‘colline’, kot (kot) ‘abri’, krāw (kraai/kraaie) ‘corneille’, kup (kop) ‘colline’, land (land) ‘terre’, lang (lang/lank) ‘long’, līm (lime) ‘boue’, lisk (lis) ‘roseau’, lō (lo) ‘clairière, zone défrichée’, lund (lund lond land) ‘forêt’, mer (meer) ‘lac’, [lat.] mille (molen/meulne) ‘moulin’, nes (neus/neuze) ‘cap’, niu (nieuw) ‘nouveau’, ost (oost) ‘est’, [lat.] pīse ‘pois’, rēk (reek/reke) ‘(bande de) terrain’, rīk (rijk/rike) ‘grand’, rōd (rood) ‘rouge’, rusk (rus) ‘ajonc’, sand (zand) ‘sable’, skal (schuil/skul) ‘abri’, skarp (scherp/skerp) ‘aigu’, sküüra (schuur/skeure) ‘grange’, stapl (stapel/staple) ‘poteau’, (?) stēgr (steiger steger) ‘échafaudage’, stēn (steen) ‘pierre’, stik (stok) ‘baton’, [lat.] strat (straat/strate) ‘rue’, tūn (tuin/tun) ‘ferme’, up (op/up) ‘vers le haut’, water (water) ‘eau’, wīd (wijd/wid) ‘large’, wind (wind) ‘vent’, winkl (coin: winkel/winkle) ‘petit arpent de terrain’, wir (wier) ‘algue’, wister/wester (wester) ‘ouest’, (w)olf (wolf) ‘loup’, wud (woud) ‘bois’.
Les adjectifs et l'instrat saxon.
Fournet écrit que le recours fréquent aux adjectifs est dans une proportion qui lui semble plus élevée que dans d’autres régions germaniques comme autrefois la Normandie: *alden-akr (alden-akre) *blak-nes (blekneus) *brēd-dal (breed-dal) *brēde-water (brede-water) *diepen-dal (diepen-dal) *harden-loh (harden-lo) *hēlige-brun (heilige-bron) *hilder-nes (helder-neus) *hwīt-sand (wit-zand) *kalde-brun (koude-bron) *kalde-hēm (koude-heem) *kalde-hūs (koude-hus) *kil-hēm (kil-heem) *lange-hägi (lange-hage) *lange-stük (lang-stuk) *niuwen-burc (nieuwen-burg) *rōden-berg (roden-berg) *rīken-akr (riken-akre) *skarpe(n)-nes (skerpe-neus) *wīdereke (wide-reke). Les mots flamands entre parenthèses nous montrent le contraire.
Conclusion
L’hypothèse que l’idiome germanique parlé dans le district de Boonen/Boulogne était du thiois/ flamand est bien documentée. L'ancien flamand, l'ancien anglais et l'ancien frison étaient plus que similaires. Ils faisaient partie de la même langue saxonne, avaient les mêmes racines et restaient longtemps une même langue avant de se séparer.
Cet idiome germanique (le thiois saxon, flamand, bas-allemand) a été parlé dans la région autour de Boonen/Boulogne-sur-Mer pendant plusieurs siècles. Ce westique était bien intégré dans la linguistique germanique qui longeait les côtes de la Normandie jusqu'au Koningsbergen (Kaliningrad). Vers le début du 13ème siècle, le français a gagné du terrain dans la région. Aujourd'hui il ne sont que quelques milliers de gens qui parlent ou connaissent encore le thiois dans les Hauts de France, ce qui est du à la politique centraliste de Paris, à l'interdiction de parler cet idiome. A Boulogne, si les racines sont germaniques, la culture actuelle ne l'est plus. Mais il ne faut pas oublier que jusqu'ici, pour la moitié de son existence, Boonen/Boulogne fut flamande.
iFOURNET Arnaud, À propos des toponymes germaniques dans l’ancien comté de Boulogne-sur- Mer (Pas-de Calais). Nouvelle Revue d’Onomastique, n° 54, 2012, p. 21-36.
A lire sur https://www.persee.fr/doc/onoma_0755-7752_2012_num_54_1_1747 (mars 2018)
iiCaesar J, Commentarii Rerum in Gallia Gestarum, Liber II 4: ...Plerosque Belgos esse ortos a Germanis Rhenumque antiquitus...
iiiLe français connait l'adjectif 'long' depuis le dixième siècle. Le flamand connait lang (lank) depuis 773 qui est dérivé du Proto-Germanique *langgaz (source aussi de l'ancien frison et ancien saxon 'lang', ancien haut allemand et germanique 'lang', néerlandais moderne 'lang' et gotique 'laggs'). L'anglais (du germanique) avec le français (du latin) utilisaient le mot 'long'.
ivDom Bouquet, VIII, Reiffenberg, Introd. de la Chron. de Ph. Mouskes p 316
vTietz Helge, Lowlands-L, Shift from Dutch to German as language of instruction at schools in the Lower Rhine area, 31 mei 2012 op: http://lowlands-l.net/
viVoir mon article sur http://histoiresnordiques.jouwweb.nl/histoires-nordiques/paroles-de-vikings
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