La Croix saxonne de Bruxelles

 

Remarquable est la façon dont la région anglaise entre York et Middlesbrough avait plusieurs toponymes se référant à la région de l'Escaut et aux Scaldingi. Dans un autre article, j'ai démontré que les Danois du Danes dyke sont vraisemblablement venus de la région de l'Escaut aussi. La région du Danelaw et les Pays-Bas existaient ensemble sans connexions danoises du nord. Ici la langue saxonne joue le plus grand rôle.

Une croix de relique datant du dixième, onzième siècle qui se trouve dans la cathédrale Sainte-Gudule à Bruxelles nous montre clairement son auteur. On peut lire sur le dos: DRAHMAL ME WORHTE, en vieil anglais ou saxon. En flamand occidentale, je peux écrire Drahmal me wrohte (Drahmal m'a fait). Au 19e siècle, on pensait que ce texte fut flamand, mais - en particulier les linguistes anglais - ont réduit la langue en anglo-saxon.

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Photo de la croix

 

 

La plus vieille attestation du nom Dragmál vient de Dromonby sous Middlesbrough, qui s'appelle Dragmalebi dans le Domesday Book. On explique que l'éponyme viendrait d'un descendant des colons danois du IXe siècle. Je propose pour Drahmal une origine de la Flandre-Zélande, la région à partir de laquelle les Danois sont partis. Ce nom peut immédiatement affirmer que le texte sur la croix est du saxo-flamand. Un autre exemple précoce de ce nom était un témoin Dragmál qui se trouve dans une charte anglaise de 959. Peut-être que Canute le Grand - venu de la Flandre française - en était le possesseur, mais on préfère proposer que la croix appartenait à la famille royale anglo-saxonne.

A un moment donné, la relique a été donné à l'abbaye de Westminster, où, selon les historiens - hypothétiquement - elle a été volé par des soldats flamands. Par conséquent, la croix est arrivée à Bruxelles, via Utrecht. Simone D'Ardenne identifie la relique comme celle du roi Alfred, le lignum Domini ou Bois du Seigneur. Selon elle, on a gardé la relique dans la famille royale saxonne occidentale jusqu'à la fin du Xe siècle, quand elle entra en possession d'une autre branche. Ils ont donné la croix à l'abbaye de Westminster, après quoi - selon D'Ardenne - elle es arrivée à Utrecht aux Pays-Bas, probablement au cours du règne du dernier roi normand d'Angleterre, Stephen (1096 à 1154), fils de Adela, la plus jeune fille de William le Conquérant. Elle est dans la cathédrale de Bruxelles depuis le XVIIe siècle. Les mesures transversales sont 46,5 cm et 28 cm. Aux extrémités des bras transversaux se trouvent les quatre évangélistes avec leurs symboles. L'Agneau de Dieu est au centre de la croix. La croix de Bruxelles était décoré à l'origine avec des pierres précieuses et d'or et a été considéré comme une partie de la vraie croix sur lequel le Christ devait mourir. Il y en avait encore, mais ce fut le plus gros morceau de bois qui existait. Pierre le Grand de Russie était personnellement venu à Bruxelles pour mesurer la croix.

Il semble y avoir un lien clair avec le poème saxon The Dream of the Rood – le rêve du bois – en ce qui concerne à la fois la croix ou le texte sur la croix. The Dream of the Rood est un poème religieux anglo-saxon de plus de 150 lignes. Il a été attribué par certains érudits à Caedmon de Cynewulf, mais ça reste hypothétique. Le texte du poème doit être ancien, parce que on trouve également des fragments - en runes - sur une croix du VIIIe siècle dans l'église de Ruthwell.

Le poème raconte le rêve d'un poète qui est confronté à la croix (rood) du Christ. La croix émet de la lumière et est recouverte d'or et de bijoux, mais la croix se transforme en bois qui se couvre de sang. La croix commence à parler et raconte comment on l'a coupé d'un arbre et comment elle est affligé qu'elle a dû supporter le Christ souffrant. A la fin du poème, le poète est guidé par la croix.

Le texte sur la croix de Bruxelles se compose d'une commande et d'un extrait du poème. Après enquête, nous retrouvons une grande similitude entre le saxon occidental et le flamand occidental. Voici - pour le prouver - un morceau du poème, puis le texte qui vient de la croix.

 

The Dream of the Rood (lignes 1-12):

Hwæt! Ic swefna cyst secgan wylle,

hwæt me gemætte to midre nihte,

syðþan reordberend reste wunedon!

þuhte me þæt ic gesawe syllicre treow

5 on lyft lædan, leohte bewunden,

beama beorhtost. Eall þæt beacen wæs

begoten mid golde. Gimmas stodon

fægere æt foldan sceatum, swylce þær fife wæron

uppe on þam eaxlegespanne. Beheoldon þær engel dryhtnes ealle,

10 fægere þurh forðgesceaft. Ne wæs ðær huru fracodes gealga,

ac hine þær beheoldon halige gastas,

men ofer moldan, ond eall þeos mære gesceaft.

 

Ma traduction avec des mots flamands (occidentales) anciens:

 

Weet! Ik zweefne keest secgne wille

wat me gemete te middernahte

sehten reedberend reste junden

duhte mi dat ik gezage selleger tere

in luft leiden, lihte bewonden

bome berhtest. Al dat baken was

begoten mid golde. Gimmes stoden

fagere at voldaene scatten, (de)swelke daer vive waeren

up an de okselgespanne. Beholden door engel druhtens alle

fagere door voortgescaft. Ne was daer hoere fracodes galge

ook hij en daer beholde heilge geestes,

man over molde, end al deze mare geschaft

 

En français:

Sachez! Je rêve que je veux dire le plus important (le noyau)

ce que je rencontrais à minuit

quand les parleurs se sont donnés du repos

Je pensais que je voyais un arbre béni

entraîné dans l'air, revêtu de lumière

l'arbre le plus lumineux. Tout le signe était

arrosé avec de l'or. Des bijoux étaient

beau comme un trésor parfait, dont il y en avait cinq

où le bois se croise. Voyez tous les anges de Dieu

par eux joliment créés. Il n'y avait aucune potence impure

il n'y vit pas d'esprits saints

hommes sur la terre et tous ces fameux créatures.

 

 

Le texte de la croix.

Sur les côtés de la croix se lit:

ROD IS MIN NAMA GEO IC RICNE CYNING BÆR BYFIGYNDE BLODE BESTEMED ÞAS RODE HET ÆÞLMÆR WYRCIAN 7 AÞELWOLD HYS BEROÞOR CRISTE TO LOFE FOR ÆLFRICES SAVLE HYRA BEROÞOR

 

Traduit en mots flamands anciens:

Roede is min name – eens ik rike keuning baer, bevigende, met bloed bestoomd – Des Roede het (heeft) Edelmaer werken – en Adelwold zijn broeder, criste te love, voor Alfrics ziele, hun broeder.

 

Traduit en néerlandais:

Hout is mijn naam – eens droeg ik bevend, met bloed bevochtigd, de rijke koning – Edelmaer heeft het kruis gemaakt en Adelwold zijn broer – om Christus te loven om Alfriks ziel, hun broer.

 

Traduit en français:

Bois est mon nom - une fois je portais tremblant, mouillé avec du sang, le riche roi - Edelmaer a fait la croix et Adelwold son frère - pour louer le Christ pour l' âme de Alfrik, leur frère.

 

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Photo du texte

 

Conclusion

Séparer le saxon occidental et le flamand occidental au début du Moyen Age me semble pas correcte. C'était le même thiois avec des prononciation peu différentes, comme cela est actuellement le cas dans les différentes régions flamandes occidentales. Au début, le saxon était la langue de la Normandie jusqu'à la Frise orientale dans le nord.

 

Sources:

 

Beaucoup de matériel recherché se trouve dans tous les livres alors je fais référence avec une liste alphabétique des sources utilisées.

-Allard Joe, North Richard, Beowulf and Other Stories: A New Introduction to Old English, Old Icelandic and Anglo-Norman Literatures, Routledge 2007/2014, chapter 6: The dream of the rood and Anglo-Saxon Northumbria (Éamonn Ó Carragáin Richard North).

-Browne George Forrest, St. Aldhelm, His Life And Times: Lectures Delivered In The Cathedral Church Of Bristol, Lent, 1902. London 1903, p193-199

-Brussels cross op https://en.wikipedia.org/wiki/Brussels_Cross#CITEREFWilson1984 oct. 2016

-d’Ardenne Simone, The Old English Inscription on the Brussels Cross, English Studies 21:1-6, 1939 p 145-164. Elève de Tolkien.

-http://www.dreamofrood.co.uk/glossary1.htm#lyft novembre 2016

-Fellows-Jensen Gillian, The vikings and their victims: the verdict of the names, University college London 1995 reprinted in the university of Birmingham 1998, p 22-23

-Mize Britt, The Mental Container and the Cross of Christ: Revelation and Community in The Dream of the Rood, Studies in Philology Vol. 107, Nr 2, 2010 p 131-178

-Ó Carragáin Éamonn, Ritual and the Rood: Liturgical Images and the Old English Poems of the Dream of the Rood Tradition, University of Toronto Press, 2005 p342-352

-Relique de la Croix du Christ à Bruxelles op http://tricoda.blogspot.be/2014/11/relique-de-la-croix-du-christ-bruxelles.html oct. 2016

-van Ypersele de Strihou Anne, De kerkschat van de Sint-Michiels en Sint-Goedelekathedraal te Brussel, (Brussel 2000) p 35-43.

-https://weblearn.ox.ac.uk/access/content/group/5425519f-7550-410e-a7e7-521279f5bffa/rood.html novembre 2016

-Photos:

Kelly Richard J. & Quinn Ciaran L, Stone, skin, and silver A Translation of The Dream of the Rood Litho Press Midleton, Co Cork, Ireland 1999

http://public.gettysburg.edu/~cfee/MedievalNorthAtlantic/brussels/images/CRW_4613_RT16_JPG.jpg novembre 2016